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Lettre de démission envoyée aux Beaux-Arts de Montpellier en mars 2015.

 

Bonjour à toute l'équipe,

 

 Je vous fais part de ma volonté réfléchie de quitter les Beaux-Arts de Montpellier. J'ai participé activement à la vie, aux activités et aux enseignements de cet établissement durant ce 1er semestre. Cependant, j'ai pu constater que je n'y retrouvais pas toutes mes espérances,que ce soit dans les enseignements dispensés, dans la structure, et même dans l'organisation. Effectivement, je suis dans l'attente et la recherche d'une voie qui favoriserait la réflexion personnelle tout en donnant l’accès à des connaissances critiques et artistiques.
 En premier point, deux heures d'Histoire des Arts par semaine sont pour cela plus qu’insuffisantes car elles permettent seulement d'effleurer les connaissances et les possibilités sans jamais approfondir. Il n'y a, de fait, jamais ni réels débats, ni réels échanges.
 Par ailleurs, j'ai pu constater tout au long de ces semaines le profond désaccord entre mes convictions artistiques et celles de cette école. Concernant pour exemple le soutien apporté à une personnalité comme Rodrigo Garcia, en discutant avec Albert Camus, « je me dit seulement qu'il y a sur cette terre des fléaux et des victimes et qu'il faut autant que possible refuser d’être avec le fléau ». Il est alors remarquable de percevoir la capacité de cette école à refléter, dans une conformité navrante et désopilante, les lieux communs de notre époque. Ce point de vue a été renforcer par les multiples manifestations extérieurs de l'école (« Une année lumière » présenté au Musée Fabre, « Kit ou double ? » au sein de l'école) qui m'ont permis d'appréhender les travaux d'un œil extérieur et critique.
Un troisième point motive ma démission : j'ai intégré cette structure dans le but de faire des rencontres intéressantes et de trouver un regard critique et pertinent sur mon travail. La déception fut grande, car plusieurs enseignants se sont montrés soit trop souvent passifs, soit intransigeants, et même parfois agressifs, et, sachant que « toute autorité me fait vomir » d'après Paul Léautaud, il me paraît compliqué de continuer dans ce sens.

 Et pour en finir, je crois le plus sincèrement possible, comme R. M Rilke l'a exprimé, « au fond le seul courage qui nous est demandé est de faire face à l'étrange, au merveilleux, à l'inexplicable que nous rencontrons », malheureusement nous ne nous confrontons à rien de cela dans votre école. C'est dans cette optique que j'ai choisi de poursuivre ma création artistique sous un autre régime. Je quitte donc votre école et me lance dans un cursus universitaire d'Arts Plastique et d'Histoire des Arts en espérant y trouver plus de stimulation, car comme le disait Marcel Duchamp « les écoles sont souvent bien ennuyeuses ».

 

Bien à vous,


Au plaisir de vous revoir,

 

Clément Davenel

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